dimanche 10 février 2013

Comment faire un jeu ? 1ère partie.

Bonjour à tous !

Il vous est sûrement déjà venu l’idée de concevoir un jeu, qu’il soit de plateau, de cartes, vidéo ou que sais-je. 

Mais vous ne savez peut être pas par où commencer, ni comment vous y prendre. Cet ensemble d'articles a pour vocation de vous aider et de vous permettre d’y voir plus clair. Créer un jeu, quel qu’il soit est un processus long, difficile, mais passionnant, aussi vous trouverez ici des conseils pour chaque étape de la création de votre jeu. Plusieurs créateurs de jeu interviendrons le long de ce parcours initiatique, ils vous donnerons leur point de vue en répondant à des questions que je leur ai posé.



Aujourd'hui abordons la base : Pourquoi créer un jeu ?

Si Gus and Co nous explique bien le "pourquoi joue-t-on ?", attardons nous un instant au "Pourquoi créons nous du jeu ?".

Bruno Cathala (auteur entre autres de Mr Jack, Les Chevaliers de la table ronde, Burdigala) nous répond :

Je me suis moi-même pas mal interrogé sur ce besoin ancré en moi de créer des jeux. Cette introspection m'aura amené, au fur et à mesure des années, à comprendre et accepter les motivations profondes de ce chemin: mes motivations sont chez moi au nombre de trois :

Une capacité à l'ennui des plus désastreuse

Depuis tout petit, je m'ennuie hyper facilement. Vraiment. Seul, bien sûr, mais même en compagnie de proches (famille ou amis) que j'apprécie, et même aussi pendant mes études, et également au boulot. J'ai alors encore plus le sentiment de solitude, à l'intérieur du groupe. Alors pour échapper à cela, aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours raconté des histoires. M'inventant des histoires improbables dont je suis parfois le héros (souvent malheureux), ou dans lesquelles je ne suis que spectateur neutre. Cette capacité à l'ennui aura donc été chez moi un formidable vecteur de création d'histoires, que, maintenant, le jeu me permet de mettre en scène.

Le besoin de plaire / timidité

J'aime bien l'enfant que j'ai été, l'adulte (enfin.. ça reste à prouver..) que je suis devenu. Et pourtant, j'ai toujours douté de ma capacité à plaire. Ce doute, si profondément ancré, est un des moteurs de mon besoin de m'exposer publiquement : Lorsque je monte sur scène au théâtre, ou bien lorsque l'un de mes jeux paraît en boutique, le retour de dizaines de personnes qui ne me connaissent pas personnellement est directement mesurable, que ce soit au travers des réactions de la salle pour le théâtre, ou bien au travers des témoignages sur le net et les salons pour le jeu. Et comme paradoxalement je suis de plus viscéralement timide, la création de jeu devient pour moi un moyen d'entrer en communication avec tant de personnes que je n'aurai jamais osé aborder sans cela.

Peur de la mort

L'éphémère de la vie est pour moi juste.. insupportable. Je crois bien qu'il ne se passe pas une journée sans que j'y pense. Créer est pour moi un moyen de contourner l'obstacle, en laissant une trace. Une trace dérisoire, éphémère elle aussi, c'est clair, mais qui me survivra au moins quelque temps. Et imaginer que quelques années après ma disparition, des inconnus auront peut être encore du plaisir à partager des moments ludiques autour de mes jeux, imaginer que deux ou trois génération plus tard, des descendants auront une trace de cet arrière grand-père qu'ils n'auront pas connu, et bien tout cela me réconforte...au moins un peu ! Et puis... décider soi-même des règles du jeu.... C'est aussi refuser celles qui nous sont imposées par le jeu... de la vie ! ;-)

Au final, la création, finalement ludique, n'est pas pour moi un simple hobby dans lequel j'ai eu un peu de réussite. C'est un chemin de vie, mêlant des réponses à mes angoisses et besoin de communiquer avec les autres, besoin.. d'être aimé, tout simplement.


Antoine Bauza (auteur entre autres de 7 Wonders, Ghost Stories, Hanabi, Tokaido, Takenoko) nous dit quant à lui :

Travailler dans le jeu vidéo a longtemps été mon rêve de gosse. Après avoir aligné quelques pas dans ce milieu professionnel, j'ai rapidement bifurqué sur le jeu de société qui me permettait plus de liberté créative. Le jeu de société est un média qui n'oppose pas beaucoup de contraintes (matérielle, temporelle, technique, logistique) à la créativité. Comme je ne suis pas très combatif, je m'y retrouve parfaitement.

Quant à moi j'ai la position suivante :

Un but 

J'aime jouer, j'aime faire jouer et ma plus grande satisfaction est de savoir que des gens parviennent à se divertir, rêver, s'amuser sur mes jeux, c'est mon leitomotiv. Le but ici est donc de divertir les autres par ce vecteur incroyable qu'est le jeu. 

Concrétiser des idées

Créer des jeux c'est aussi une manière pour moi de donner corps aux idées qui me trottent dans la tête.  

Le plaisir

Tout simplement parce que créer est pour moi un réel plaisir, une passion que j'ai depuis bien des années.

 Accomplissement

Créer des jeux c'est aussi un moyen de progresser dans la vie et de remplir un besoin d'accomplissement. C'est une gratification incroyable que de voir un projet arriver à terme et se transformer en réalité.

Parce que c'est comme ça !

Il y a des choses qu'on ne peut s'expliquer, on peut aussi créer des jeux parce que ça nous a intéressé et que ça c'est fait simplement sans autre processus que cela. Bon c'est bien sur tiré par les cheveux mais pourquoi pas.

A bientôt pour la deuxième partie : Comment concrétiser son idée de jeu.

Et vous, pourquoi créez-vous des jeux ? Pourquoi vous désirez vous lancer ?

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